Mes chers compatriotes,
Qu’est-ce que le Néolibéralisme ?
Le néolibéralisme n’est pas un mot valise qui n’a aucun sens, loin de là.
C’est une organisation économique dont l’essence repose sur la prééminence du marché comme mantra idéologique. Plus précisément, cette idéologie économique (à ne pas confondre avec la philosophie libérale dont s’inspire les Lumières), est le fruit d’une évolution théorique et pratique datant de la fin des années 70. Milton Friedman et d’autres en sont les principaux défenseurs. Cette théorie économique a été mise en place sous Reagan aux Etats-Unis et Thatcher en Grande-Bretagne.
Ce système économique est basé sur le libre-échange, la libre circulation des capitaux, des biens, des services et des personnes pour favoriser la rentabilité du capital afin d’accroître le taux de profit. Cette politique néo-libérale considère la régulation comme une entrave au bon fonctionnement du marché qui serait naturellement auto-régulé par l’intrication des volontés individuelles des acteurs dudit marché. Une fois le décor planté, on peut enfin raisonner.
Dans l’Union européenne, les traités européens instaurent les règles du néolibéralisme d’un point de vue juridique : c’est une institutionnalisation du néolibéralisme par les règles de droit. Ces règles de droit sont supérieures aux législations nationales puisque les traités européens ont valeur constitutionnelle dans l’ordre juridique interne des Etats. Le néolibéralisme inscrit dans les traités européens instaure l’impuissance des politiques au bénéfice de cette organisation du système économique. La politique est désormais au service de l’économie ce qui devrait être l’inverse, dans une démocratie.
Le libre-échange et la libre circulation des marchandises par exemple, sans possibilité de mettre en place des barrières douanières (article 32 et 63 du TFUE) ont pour effet d’engager les acteurs de l’économie dans des dispositifs de production impliquant des transits de marchandises sur des dizaines de milliers de kilomètres pour profiter de ce qu’on appelle pudiquement du dumping fiscal et social. Ils recherchent le lieu de production le plus rentable pour maximiser les profits, quoi qu’il en coûte en terme d’émission carbone et d’effets délétères sur le climat. Le dumping fiscal et social favorise essentiellement les lieux de production les moins protecteurs des travailleurs, du climat et des Etats-providence en général. C’est la course au moins disant social, fiscal et environnemental, pour attirer les capitaux qui veulent maximiser les profits. Le néolibéralisme inscrit dans les traités européens organise notamment le productivisme agricole et par voie de conséquence la destruction de l’environnement et de la biodiversité.
Cette organisation de l’économie se fait évidemment aux dépens des populations, des capacités de nos sociétés à organiser et financer la vie en collectivité et à projeter un avenir ambitieux et progressiste : c’est la politique de l’Argent-Roi. Les effets de cette politique ont commencé à se faire ressentir : les Etats sont surendettés, les ménages se paupérisent, les jeunes n’ont plus d’avenir et les inégalités se creusent de manière indécente. À l’heure actuelle, 26 milliardaires détiennent autant de richesse que la moitié de l’humanité. Et le mouvement s’accélère nécessairement par les deux mécanismes inhérents au capitalisme financier : la concentration des capitaux et la financiarisation de l’économie.
Bien que très élevé, le niveau de prélèvements obligatoires en France ne relève pas, comme on l’entend parfois, d’un « pays communiste ». Certains Etats, comme la Suède, l’Italie, la Belgique, le Danemark, ont des niveaux d’imposition similaires. Cette fiscalité est la contrepartie d’une société coopérative et harmonieuse permettant à chacun de bénéficier d’une éducation, d’un enseignement, d’infrastructures, de services publics et d’une protection face aux coups durs de la vie. C’est ce qu’on appelle l’Etat-providence, la solidarité. Eh oui ! Elle a un coût. Si nous sommes passés de 33% à 46% de taux de prélèvements obligatoires entre 1960 et 2020 en France, c’est en raison de deux principales évolutions structurelles (allongement la durée de vie et augmentation du coût de cet allongement, augmentation du chômage).
Enfin, ce système économique repose sur le fantasme d’une croissance infinie dans un monde fini. C’est évidemment un non-sens, une erreur majeure et une équation contraire à la logique et au bon sens, comme le soulignait déjà le rapport Meadows paru en 1972.
Le néolibéralisme est, comme disait Bernard Maris, une économie « d’enfants gâtés ».
C’est désormais à nous de construire une économie d’adultes !
Vive la République, vive la France.